Prisonnière de mon corps
Lundi, c’était pas une bonne journée.
En réalité, les derniers jours n’étaient pas vraiment une bonne journée.
C’est correcte, ça arrive. C’est juste parfois frustrant.
Frustrant d’être prisonnière de ce corps meurtri et fatigué.
Lundi, j’apprenais, comme tant d’autres femmes en ce monde, que je souffrais d’endométriose.
Stade 4/4. Endométriose digestive.
Deux jours plus tôt, le médecin me téléphonait pour me confirmer le syndrome des ovaires polykystiques.
Ce qui me frustre, c’est pas les diagnostics.
C’est que, comme TANT de femmes dans le monde, leur putin de diagnostic ait pris 8 ans.
8 ans d’errance médicale.
Enfin, pas tant une errance quand la patiente se soigne par elle-même car elle sait d’avance, étant donné les symptômes, qu’elle est atteinte de ces maladies-là.
Cette patiente qu’on écoute pas.
Qui souffre.
Qui navigue de spécialiste en spécialiste, en avançant elle-même ses propres théories, grâce à ses recherches.
Car crois-moi, la recherche médicale en ce qui concerne le corps de la femme, c’est un trou noir géant et béant. Du vide. Des années de retard. Par manque de moyen, ou j’ai envie de dire même, par manque d’envie. Parce que le monde scientifique est encore à majorité masculine.
Exemple même, de l’étude à laquelle je participe au CHUL de Québec, dirigée par une femme sur l’endométriose et qui doit se BATTRE pour avoir le droit de mener cette étude face à ses confrères masculins qui ont des subventions à gogo.
Un jour, on y arrivera.
On ne demande pas de gagner la bataille.
La recherche médicale est une bénédiction pour le monde entier. Pour toutes les maladies.
On demande seulement à avoir droit à du changement.
Du concret.
Et pas juste un « ben maintenant madame, bonne chance, parce qu’on a pas de traitements. »
Un jour, je l’espère.
Et en attendant, si toi aussi t’en souffres, sache que t’es pas seule.
Que c’est pas juste DANS TA TETE. Ou de l’anxiété.
Que t’es pas une fainéante.
Que t’es pas juste « fatigué ». Ou « déprimé ». Irritable, chiante, susceptible, toujours à se plaindre, à avoir mal quelque part, à aller voir des médecins pour rien. A t’inventer des douleurs.
T’es tout, SAUF ça.
Lâche pas.
Moi je te crois.
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